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Le spectacle

ENTRE LA SCENE ET  L'ECRAN

La mise en scène d'Objet inanimés avez-vous une âme ? est assurée par Christine Soldevila.  Essentiellement comédienne et metteure en scène de théâtre, même si elle a aussi réalisé des courts métrages, dont le dernier, Parc Avenue, en co-réalisation avec Christophe Mené, fut diffusé au Festival de Cannes 2013, et a co-écrit le scénario de 37, un long métrage en cours de développement, toujours en collaboration avec Christophe Mené, avec qui elle travaille depuis 1997.
 

Dans les années 1990 et 2000, elle a joué dans de nombreuses pièces, parmi lesquelles Toi et tes nuages d’Eric Wesphalt, Le Songe de Strindberg, La Marelle, d'Israël Horovitz, ou encore L’Atelier de Jean-Claude Grumberg, La Parisienne de Henry Becque, Hyppolite, une adaptation d’après Phèdre de Racine, Les trompettes de la mort de Tilly, entre autres.
 

Comme metteuse en scène, elle a monté Catégorie 3.1 de Lars Noren, L’oreille collée au mur, un spectacle original sur la vie et l'œuvre de Tchekhov, Les Justes d'Albert Camus, La Ménagerie de verre de Tennessee Williams, Noces de sable de Didier van Cauwelaert, 9/11 d'après deux pièces courtes sur le 11 septembre2001, d'Israel Horovitz, Festen, d'après le film de Thomas Vinterberg.


Elle est également coach de comédiens et présidente de la compagnie Acte 1.
 

                            Note d'intention de Christine Soldevila















Ce spectacle ne raconte pas une histoire, c’est un sujet « intime »,une appréhension très personnelle du
quotidien, a priori de choses peu passionnantes pour autrui. Et pourtant cette vision si particulière
fascine.


Comment faire pour que ce texte accroche le spectateur, que ce ne soit ni de simples élucubrations, une
suite de faits sans intérêt pour les autres que son auteur, ni une conférence, encore moins une leçon ?
Il fallait construire un personnage qui aille au-delà de l’auteur, qui suscite la sympathie du public, dont la
légèreté et l’absurde fassent rire ou sourire, puis dont les propos plus sérieux et plus profonds fassent
réfléchir sans ennuyer.


C’est un personnage de doux dingue, un peu comme les bouffons dont on tolère qu’ils disent des vérités
parce qu’ils amusent. Il faut entraîner le public dans un univers qui lui est étranger, qu’il découvre, un
univers original et surprenant, une vision du monde particulière qui peut paraître absurde ; si cela réussit,
on peut dire au public des choses qu’il n’aurait pas eu forcément envie d’écouter.

Bien que l’interprète soit l’auteur, le public ne doit pas le voir comme l’auteur, mais comme un personnage
qui vit des situations. C’est ainsi que le propos doitpasser, et non pas comme un seul en scène assimilable
à un stand-up, où le texte serait l’essentiel, déclamé, et où l’auteur prétend se raconter de façon directe.
Non, il s’agit de montrer un personnage qui se débat dans des situations qui lui inspirent des émotions et
des réflexions.

Donner de la vie à un texte littéraire, qu’il jaillisse de l’émotion intérieure de l’acteur, ainsi que dans toute
pièce de théâtre, c’est ainsi que ce qui n’est pas au départ une histoire en devient une, et c’est ce qui a guidé
mon envie de mettre en scène ce texte et son auteur-acteur. Lorsque j’ai lu pour la première fois ce texte,
j’ai été intriguée, et même interloquée, par la singularité et la densité du soliloque de « Hague ».

Evidemment, le seul en scène s’imposait. J’ai tout de suite vu dans cet être désabusé une similitude avec un
Gohar, le vagabond du roman de Mendiants et orgueilleux  d’Albert Cossery, ce professeur de philosophie
du Caire qui quitte tout pour devenir mendiant, estimant que « d’enseigner la vie sans la vivre était le crime
de l’ignorance la plus détestable ». Alors, il décide de se contenter de très peu, mais en contrepartie il
profite de la vie, sans contraintes financières, sans compte à rendre à personne, et surtout pas aux objets…

En prologue, j’ai choisi de donner une dimension irréelle aux propos chimériques de ce soi-disant doux-
dingue ; l’hameçonner, le surprendre, et par conséquent happer aussi le public au même instant, en prenant
commeréférence « L’apprenti sorcier » du compositeur Paul Dukas, que Walt Disney anime dans Fantasia
par le truchement de cette petite souris personnifiée par Mickey, prise au piège de la vie donnée aux objets
qui lui font vivre l’enfer. C’était donner une note onirique et humoristique dès le début du spectacle pour
ouvrir le chemin aux divagations du doux dingue Hague, au mental dérangé car tout objet du quotidien

l'opprime.

L’épicentre est l’acteur, il occupe l’espace, parfois pleinement, parfois il apparait de manière impromptue
en vidéo, parfois, en silence, isolé par un projecteur pointé sur lui, il nous livre « où se situe le nœud de sa
tragédie » comme une plaidoirie. C’est par ce processus, simple, de chapitres illustrés par des parenthèses
sonores, visuelles, drôles ou inquiétantes, que nous rentrons dans le soliloque digressif de cet être en
souffrance, parce qu’en quête du bonheur et du beau, et que ces objets du quotidien empêchent de vivre
pleinement sa vie : portes, poubelle, vaisselle, mais aussi outils, magasins de bricolage, et ce monde
redoutable des objets informatiques qui attaque son système nerveux ; mais le pire psychologiquement,
c’est la disparition des objets, qui le laisse dans une incompréhension cauchemardesque… il nous fait
prendre conscience à travers ses différents chapitres, et l’emballement de sa pensée, de l’absurdité de notre
monde consumériste, de ce torrent indigeste de produits qui a transformé notre mode de vie depuis
l’origine « à l’origine, l’homme a créé des objets pour survivre, parce que ses maigres capacités physiques
ne lui permettaient pas de s’en sortir seul dans la nature hostile […] Aujourd’hui, des objets qui nécessitent
la création préalable d’un besoin qui n’existait pas auparavant : avant, on créait des objets pour répondre à
des besoins, maintenant, on crée des besoins pour pouvoir vendre des objets. Et c’est ainsi que l’humanité
devient de plus en plus dépendante des objets. ».

Je concluerai par "Heureuses vérités qu'a souvent la folie, et que la raison et
la santé ne pourraient pas délivrer avec autant de bonheur. »

(Hamlet. William Shakespeare)

 

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